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50 nuances de rosés

" Chaque été, nous nous attachons dans ces pages à vous offrir une sélection rigoureuse de vins rosés et de champagnes. Si l'on associe le rose au bonheur et à l'optimisme, comme le suggère l'expression « voir la vie en rose », alors quoi de mieux que d'en remplir nos verres ?
Ah, les rosés. Pétale de rose, litchi, fuchsia, pêche... il en existe tant de nuances et de styles. Comment les
choisir ? À quels plats les associer ? Qu'est-ce qui fait un bon rosé ? Ce sont quelques-unes des questions que nous avons posées à Claire Berticat, journaliste, enseignante et experte en vins.
D'après vous, qu'est-ce qui rend le rosé si spécial ?
C'est avant tout un vin de moment. II se boit sans chichis, pour le plaisir de partager, en famille ou entre amis. On l'associe à l'apéro - il est souvent considéré comme un vin de soif, une bouteille en amène une autre. D'ailleurs, on en trouve énormément en BIB, preuve en est, donc, qu'on aime en boire en quantité ! De plus en plus de producteurs jouent aujourd'hui sur le packaging, pour en faire un moment plus rare, aussi précieux que le flacon qui l'abrite.
Comment la couleur influence-t-elle la perception du goût chez le consommateur ?
Selon moi, on peut vraiment diviser les rosés en deux catégories : les rosés très clairs, très pâles, et les rosés avec une robe plus intense. On pense souvent que le plus clair est insipide, et qu'à l'inverse, le plus foncé a beaucoup de goût, il rappelle le rouge. II faut le souligner, certains rosés clairs sont très proches de grands vins blancs : ceux-là sont des pépites, pas toujours faciles à trouver. À l'inverse, certains tavels par exemple, à la couleur plus marquée, sont très frais et très fruités à la dégustation ; ils sont super à l'apéro, avec une bonne tapenade. Je dirais donc de ne pas se fier qu'à la couleur, et je conseillerais de redonner une place aux rosés avec un peu plus de macération. II est vrai que les rosés très clairs sont à la mode, mais n'hésitez pas à explorer toute la palette des couleurs, pour découvrir des vins complexes, élégants, fruités…
Y a-t-il une saison idéale pour boire du rosé, ou est-ce un vin pour toute l'année ?
Cela dépend des rosés et de la technique utilisée, les pressurages directs, je les associe beaucoup aux moments ensoleillés. Pâles et légers, les Côtes-de-Provence sont de véritables vins de soleil. Si on parle de Bandol ou de Sancerre rosé, ils offrent des moments de dégustation adaptés à toutes les saisons.
Avez-vous un accord mets&vin original à recommander ?
J'aime le rosé avec des fruits de mer, des crevettes, des ceviches de poisson… Avec des fromages de chèvre, je pars sur des rosés de caractère, comme des rosés de saignée. Ces derniers peuvent d'ailleurs être associés à des plats principaux, plus gastronomiques que les grillades, à base de viande blanche ou de poisson.
Que penser des accords avec la cuisine végétarienne ?
II est vrai que de plus en plus de chefs végétalisent l'assiette, et le rosé, comme les autres vins, a toute sa place à table dans ce contexte. Dans un esprit estival, on peut penser aux légumes grillés avec un rosé juteux. Quant aux plats à base de lentilles et de légumineuses, ils seront parfaits avec des rosés frais et digestes.
Un petit mot sur les champagnes rosés ?
Je suis personnellement très fan. II existe tant de très grands champagnes rosés que je ne peux pas tous les citer ! Rappelons tout de même que la plupart d'entre eux ne sont pas sucrés, sauf exception, et qu'il y a bien autre chose à faire que de les déguster avec des fraises. Finesse, élégance, complexité : ils ont toute leur place à table, même si on en fait un plaisir moins quotidien à cause de leur prix.
Quel est votre rosé coup de cœur ?
J'ai découvert récemment un vin autrichien extraordinaire, à base de zweigelt de la région du Burgenland. II vient du domaine Holass Wine, mené par une vigneronne belge qui fait des vins en Hongrie et en Autriche. Ce rosé est juste magnifique, un vin de gastronomie, à boire toute l'année.
MINI-LEXIQUE
Pressurage direct : technique qui donne des rosés très clairs, qu'on obtient en pressant directement des raisins rouges, sans macération avant la fermentation alcoolique. C'est la technique des vins dits « gris », comme le gris de Toul ou les vins gris de Camargue.
Rosé de macération : les raisins noirs sont égrappés et foulés - c'est-à-dire qu'on fait éclater leur peau - avant d'être placés en cuve. Le moût va ainsi macérer entre 2 et 20 heures généralement, selon la couleur et l'intensité désirée.
Rosé de saignée : même technique que pour la macération, sauf que l'on ne prélève qu'une partie du jus pour la destiner au rosé. Le reste continuera à macérer avec la peau pour faire un vin rouge.
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23 €. terrebrune.fr [...]